Depuis janvier 2016, le service Promotion de la santé de la Ville de Grenoble compte trois professionnels d’un nouveau genre: des médiateurs pairs en santé. Ils ont pour objectif de réduire les inégalités sociales de santé dans les Quartiers Prioritaires de la Ville. Nous avons voulu en savoir plus sur ce métier en assistant à une permanence de Nadia Boukreris, la médiatrice paire du secteur 5.
Comment se passe une permanence ?
Jeudi 8 mars 9h à la MDH Teisseire:
Une personne attend déjà Nadia. Ne maîtrisant pas entièrement le français, elle vient avec un compte-rendu médical dans l’objectif de se le faire reformuler. C’est d’ailleurs un des gros axes de travail de la médiatrice: accompagner des personnes qui sont freinées dans leur parcours de soin pour diverses raisons: complexité des démarches administratives, non-compréhension du jargon médical, barrière de la langue, etc.
Pendant le reste de la matinée, les usagers s’enchainent: des conseils pour l’ouverture de droits, de l’aide pour acheter de nouvelles lunettes, des prises de rendez-vous chez des spécialistes, etc. Un habitué est également là, et interpelle Nadia entre deux entretiens: Tu pourrais m’accompagner au médecin samedi matin? En perte d’autonomie et isolé, cet homme a vu sa santé grandement s’améliorer depuis qu’il bénéficie d’un accompagnement par Nadia.
L’interview :
Peux-tu nous donner une définition du métier de médiatrice paire en santé?
Nous sommes des professionnels un peu particuliers, car notre savoir-faire repose sur notre expérience, notre vécu et notre implication dans les quartiers populaires ainsi que sur notre proximité avec les habitants.
Notre mission est d’accompagner tous les habitants dans leurs difficultés, plus ou moins importantes, face à l’accès aux soins, les droits en santé et la prévention. Même avec des personnes autonomes et ayant tous leurs droits en santé, nous observons un phénomène de renoncement face à la multiplication des démarches et des acteurs dans leurs parcours de soin, ou pour cause de phobie administrative. De plus, la santé n’est pas toujours au centre des préoccupations pour tout le monde, et des soins paraissent parfois inaccessibles, comme le buccodentaire qui est devenu un vrai luxe.
Qu’est ce qui différencie ton métier de celui d’écrivain public?
Nous agissons en complémentarité du travail d’écrivain public, avec une approche davantage orientée vers l’accès aux soins que l’accès aux droits, vers lequel ces derniers sont spécialisés. Nous instaurons une proximité différente avec les usagers: accompagnement physique au médecin, visites à domicile, « aller-vers », etc.
J’essaye aussi de prendre la santé de l’usager dans sa globalité en l’interpellant parfois directement sur son état: Quand as-tu effectué ton dernier frottis? Depuis quand n’es-tu pas aller chez le dentiste? Je les questionne également sur les membres de leur famille, l’état de leur logement, etc.
Quelles sont tes actions en dehors des heures de permanence?
Une partie de mon emploi du temps est consacrée à l’accompagnement physique au médecin des personnes ne maîtrisant pas la langue (principalement arabophones) ou l’espace géographique. Je sers, dans certains cas, d’interface entre le professionnel de santé et le patient face à un contact qui ne passe pas ou à une mauvaise compréhension, dans un sens ou dans l’autre. Je reste également joignable par téléphone pour toutes les personnes que je suis, mais également pour tous les habitants de mon secteur qui auraient besoin d’aide.
D’autre part, j’essaye de mettre en place des actions « d’aller-vers » avec la population de mon secteur. Tout d’abord, en menant des actions collectives dans les associations de quartier, les ateliers d’apprentissage du français ou encore les espaces santé. De plus, je n’hésite pas à faire du porte à porte dans le quartier pour m’assurer que tous les habitants ont accès à une couverture santé, et également pour faire de la prévention, comme parler des campagnes de dépistage des cancers. C’est de cette manière que j’arrive à atteindre les « invisibles » c’est-à-dire les personnes ne bénéficiant pas d’un bon accès aux soins pour cause d’isolement ou par simple méconnaissance de leurs droits.
Les contacts
Il y a 3 médiateurs pairs en santé à Grenoble, qui reçoivent les personnes sans rendez-vous :
Secteur 2 (Centre-ville) :
Hassan Bouachiba- 06 43 19 44 76
Permanence le lundi 9h-11h à la MDH Vieux-Temple
Secteur 3 (Mistral):
Hassan Bouachiba –06 43 19 44 76
Permanence le vendredi 9h-11h à la MDH Anatole France
Secteur 5 (Teisseire-Abbaye):
Nadia Boukreris- 06 43 19 61 15
Permanence le mardi 9h-12h à la MDH Abbaye et le jeudi 9h-12h à la MDH Teisseire
Secteur 6 (Villeneuve):
Rachida Kebaili- 06 43 19 44 26
Permanence le mardi 9h-11h à la MDH Les Baladins et le jeudi 9h-11h à la MDH Le Patio